Une perspective satirique du symbole du foulard

Title

Une perspective satirique du symbole du foulard

Description

Persepolis est une série de bande dessinée autobiographique crée par Marjane Satrapi, une auteure, dessinatrice et réalisatrice française et iranienne. Faite en noir et blanc, la série est composée de quatre volumes qui retracent les événements marquants de l’enfance de Satrapi à Téhéran, puis son passage à la vie adulte en Europe. Les volumes ont été publiés entre 2000 et 2003, mais l’action dans la bande dessinée se passe entre 1979 et 1988, quand la Révolution iranienne était en train de transformer le pays en république islamique. Le premier chapitre du premier volume du roman graphique s’appelle « Le Foulard » et donc il traite de l’introduction du foulard comme un vêtement obligatoire pour les femmes musulmanes. Il faut donc savoir la signification du voile dans la tradition d’Iran et la société française contemporaine pour tout comprendre et apprécier le premier chapitre.

Dans la société française contemporaine le port du foulard a fait l’objet de discussions et de controverses. Il y a plusieurs interprétations différentes de la signification du voile, tant pour celles qui le portent que pour la société en général. En France, la question du port du voile islamique dans les écoles est devenu un débat très controversé parce qu’il est associé à la menace de liberté des femmes, de la laïcité et du terrorisme. Dans le monde musulman le foulard est porté par les femmes et est traditionnellement considéré comme un symbole de pudeur et de moralité. Le port du voile est perçu comme une chose obligatoire pour les femmes musulmanes et donc certaines personnes le voit comme une limite de la liberté des femmes.

Dans les premières pages de la bande dessinée, Satrapi traite du foulard d’une manière comique en présentant le foulard comme un symbole d’oppression que les enfants transforment en quelque chose qu’ils peuvent utiliser pour s’amuser. C’est vraiment surprenant de voir comment les enfants l’utilisent en jouant. Le foulard devient une corde à sauter, un monstre des ténèbres, mais aussi le capuchon d’un enfant qui simule de tuer quelqu’un. Dans leurs jeux on peut voir les tensions entre les enfants qui prennent le rôle des oppresseurs et ceux qui manquent du pouvoir. Il semble que l’enfant qui joue avec la corde à sauter l’a volé à un autre enfant ; le véritable propriétaire lui demande de le retourner, mais l’autre enfant répond, à la manière d’un oppresseur, « il faudra lécher mes pieds » Alors, bien que les enfants jouent avec leurs foulards, les thèmes de la violence et de l’oppression sont toujours visibles. On peut voir que cette moquerie du foulard par les enfants diminuent son importance religieuse et fonctionne comme un rejet des forces de la révolution islamique. De plus, on ne s’attend pas à ce que les enfants puissent facilement réfuter les forces de la révolution islamique, donc cette scène devient comique à cause de cette incongruité.

A première vue, le roman graphique pourrait sembler léger. Les phrases sont simples et faciles à comprendre à cause de la nature de la bande dessinée et parce que l’action est racontée par une enfant. Pourtant, cette perspective contribue à l’efficacité et à la complexité du roman graphique. La voix innocente de Satrapi cache un peu les thèmes plus sérieux et son ton comique permet plus facilement de montrer la signification du foulard. Cette approche et la combinaison de la mémoire et du témoignage historique de la révolution islamique permettent à l’auteur de créer une satire politique qui est sans doute plus efficace qu’une critique virulente.

Creator

Marjane Satrapi

Source

Perspepolis

Publisher

L'Association

Date

2000

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Citation

Marjane Satrapi , “Une perspective satirique du symbole du foulard,” French contemporaine et humour (1939-2016), accessed June 19, 2025, https://frenchhumor.fren.sites.carleton.edu/items/show/20.